La Bio c’est n’importe quoi ! 

L’AB est le mode de production agricole le plus contrôlé de France.

Les produits bio sont reconnaissables par le logo « eurofeuille » (label de l’Union Européenne obligatoire), éventuellement accompagné du logo AB (label français optionnel). Ces logos signifient que la ferme, le transformateur et le distributeur ont tous été contrôlés, au minimum une fois par an, par un organisme certificateur qui garantit le respect du cahier des charges de l’agriculture biologique. C’est le seul mode de production agricole qui soit autant et aussi bien contrôlé.

Qu’est-ce qu’un organisme certificateur ?

En France, 9 organismes certificateurs (OC) (Réf-1) sont actuellement habilités à contrôler les fermes et entreprises engagées en agriculture biologique. Les OC effectuent des contrôles stricts et systématiques sur les lieux de production et de transformation, ainsi que des prélèvements et analyses pour vérifier la non utilisation de produits chimiques ou d’OGM*. Reconnus pour leur compétence et leur indépendance, ils sont agréés par l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) et accrédités par le Comité français d’accréditation (COFRAC). Seuls ces organismes sont habilités à délivrer une certification bio.

Réf-1 : liste des organismes certificateurs sur www.agencebio.org

*Organismes génétiquement modifiés

 

Un produit local est forcément sain pour moi et pour la Terre !

Attention, ce n’est pas aussi simple !

Le bilan carbone des productions locales non bio et des circuits courts n’est pas toujours bon ! En effet, le mode de production représente à lui seul 57 % du bilan carbone d’un produit (Réf-2) :

  • Les émissions de gaz à effet de serre liées à la fabrication et à l’épandage des engrais chimiques sont considérables. Par exemple, en grandes cultures, elles représentent 70 à 80 % des émissions totales des exploitations (38 % de la surface exploitée en France en 2013). Rappelons que 100 kg d’azote épandus par hectare équivaut à 10 000 km parcourus en voiture ! (Réf-3)
  • En France, le nombre de traitements avec des produits chimiques de synthèse est en moyenne très élevé. Prenons l’exemple des pommes conventionnelles : l’indicateur de fréquence des traitements est d’environ 36.5, soit plus de 36 passages par an ! (Réf-3 bis)
  • Les animaux d’élevage conventionnel français (principalement volailles, porcs et vaches laitières) sont en partie nourris avec du soja qui est importé d’Amérique du Sud, à 80 % OGM. Là-bas, la culture du soja y est développée au détriment des cultures destinées à nourrir les populations locales. Elle est également l’une des causes de la déforestation de la forêt amazonienne. Par conséquent, l’empreinte carbone d’une production locale conventionnelle s’en ressent. A contrario, les éleveurs bio utilisent une alimentation bio pour leurs animaux et mettent tout en oeuvre pour la produire sur leur propre ferme. (Réf-4)

Le saviez vous ? Le « local » n’est pas un signe de qualité !

Malgré l’ambigüité souvent entretenue, un aliment produit localement n’est pas forcément un produit sain. Le fait de consommer les produits de votre voisin agriculteur ne vous apporte aucune garantie sur le mode de production de ses produits. Concernant l’agriculture raisonnée, cette appellation de production a été abrogée par décret officiel depuis 2013. Aujourd’hui, la solution pour manger sain est donc de manger des produits locaux ET bio !

Réf-2 : « Consommer local, les avantages ne sont pas toujours ceux que l’on croit », Le point sur n°158, mars 2013, Commissariat général au développement durable – www.developpement-durable.gouv.fr

Réf-3 : L’agriculture biologique pour nourrir l’humanité, Jacques Caplat, Editions Actes Sud

Réf-3 bis : Rapport synthétique de l’INRA et conférence de Jean Pierre Butault, Société française d’économie rurale, mars 2010 – www.sfer.asso.fr

Réf-4 : Rapport du WWF « Viandes : un arrière goût de déforestation », 2012

Réf-5 : JORF n°0041 du 18 février 2014_Décret n° 2014-132 du 17 février 2014 portant sur la suppression de commissions administratives à caractère consultatif, article 17, p. 2768

 

Si les champs autour sont pollués, à quoi ça sert que ce soit Bio !

  • La pollution atmosphérique contamine-t-elle les produits bio ?

La proximité immédiate d’un champ bio à moins de 100 m d’une autoroute très fréquentée peut en effet laisser quelques traces de résidus de CO2 ou de fer sur les plants. Cependant, la pollution de l’air par les véhicules reste bien en dessous des normes pour la consommation des fruits et légumes. (Réf-6)

  • Et le traitement chimique des champs des voisins conventionnels ?

Il n’y a, à ce jour, aucune réglementation imposant aux agriculteurs conventionnels de se donner les moyens d’éviter la contamination des plantations bio voisines, hormis l’interdiction de traitement lorsque le vent est supérieur à 19km/h (Réf-7). Une « zone tampon » de 2 à 5 mètres de large entre parcelles bio et non bio est le minimum conseillé, voire la mise en place d’une haie végétale suffisamment haute et dense pour se protéger des pulvérisations de pesticides des champs voisins (Réf-7 bis).

Dommage que ces « mesures contraignantes » ne soient imposées qu’à l’agriculteur bio qui doit mettre tout en oeuvre pour protéger ses champs de ceux de son voisin ! Lors d’une contamination, les produits bio sont « déclassés » par les organismes certificateurs et non vendus en bio. Les données officielles montrent que les productions bio sont très peu contaminées par des résidus de pesticides, alors que près de la moitié des productions végétales conventionnelles le sont. (Réf-8)

  • L’eau, une source de contamination supplémentaire ?

En 2011, 93 % des cours d’eau et nappes souterraines analysés en France sont contaminés, dont 18 % par plus de 20 pesticides différents, majoritairement issus de l’agriculture (Réf-9). Les traitements pour rendre ces eaux potables ou aptes à l’irrigation agricole coûtent très cher aux communes, aux professionnels et aux ménages. Les eaux de pluie, quant à elles, ne représentent pas une source de contamination des cultures bio, mais peuvent, par ruissellement, entraîner dans les cours d’eau les pesticides des champs conventionnels

Réf-6 : « Impact de la pollution routière sur l’agriculture », Ressources et Environnement, août 2011

et « Enquête Exppert 6 », Générations Futures, mars 2016

Réf-7 : L’arrêté du 12 septembre 2006 stipule que les produits phytosanitaires ne peuvent être utilisés en pulvérisation ou poudrage que si le vent a un degré d’intensité inférieur ou égal à 3 sur l’échelle de Beaufort. (< à 19km/h) – www.legifrance.gouv.fr

Réf-7 bis : Cahier des charges français de l’agriculture biologique et réglementation européenne de l’agriculture biologique – www.ecocert.fr et « Certifié bio, un système bien rôdé », Echo Bio, 2011

Réf-8 : European Food Safety Authority – www.efsa.europe.eu

Réf-9 : Indicateurs et indices 2014 – www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr et Rapport Potier 2014 – www.developpement-durable.gouv.fr

 

L’agriculture Bio ne peut pas nourrir tout le monde !

  • La faim dans le monde, un problème d’accès à la nourriture

On estime qu’il faut en moyenne 200 kg d’équivalent céréales par habitant pour être bien nourri, or nous en produisons aujourd‘hui 330 kg. Nous produisons donc actuellement assez de calories pour nourrir 12 milliards d’êtres humains (Réf-10). Aujourd’hui, 800 millions d’humains souffrent de la faim chaque année, faute d’avoir accès à une nourriture pourtant disponible. C’est donc bien de la répartition des richesses dont il est question ! (Réf-11)

  • Et si nous pensions à l’avenir ?

Si l’agriculture biologique implique des rendements égaux ou inférieurs de 8 à 25 % à ceux de l’agriculture conventionnelle dans les pays occidentaux, c’est loin d’être le cas dans les pays du Sud où elle permet d’améliorer les rendements de 50 à 100 % tout en augmentant l’autonomie des paysans. Et même en Europe, si la bio bénéficiait d’autant d’investissements de recherche que l’agriculture conventionnelle, cette différence ne serait sûrement plus d’actualité ! (Réf-12)

A contrario, l’agriculture conventionnelle dégrade les sols et la ressource en eau. Sa compétitivité présumée est conditionnée aux réserves de pétrole nécessaires à la production des engrais et pesticides. Dans un contexte de raréfaction des ressources naturelles disponibles, la bio apparait comme une solution véritablement durable ! (Réf-13 et 14)

  • Changer les comportements, pas les rendements !

Nous pourrions obtenir d’importantes quantités de nourriture supplémentaires sans produire plus, en réduisant notamment :

Le gaspillage alimentaire : 1/3 des aliments produits dans le monde pour l’alimentation humaine est perdu ou gaspillé, du champ à la cuisine du consommateur. (Réf-14)

Notre consommation en viande, dont la production est très gourmande en surface agricoles. Les surfaces ainsi libérées pourraient être utilisées pour produire des légumes secs, riches en protéines et jugés solution d’avenir par la FAO* en 2016.

Réf-10 : cf. Jean Ziegler, ancien rapporteur à l’ONU.

Réf-11 : “Agroécologie et droit à l’alimentation”, Olivier De Schutter, Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, 2011

Réf-12 : Etude de John Reganold et Jonathan Wachter, université de Washington publiée dans Nature Plants, 2016

Réf-13 : Site Agriculture et Développement Rural de la Commission Européenne

Réf-14 : Rapport “Global food losses and food waste”, FAO, mai 2011

* Food and Agriculture Organization : Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture

 

Manger Bio, c’est pour les riches ! 

  • Pour manger bio sans vous ruiner, adoptez les bons réflexes

Privilégiez la vente directe et les magasins de producteurs, préférez le vrac et les conditionnements familiaux, consommez des fruits et légumes de saison, évitez d’acheter des plats préparés, testez l’association des céréales et légumineuses (pois, haricots, lentilles vertes, lentilles corail…), réduisez le gaspillage alimentaire (une étude de l’ADEME* auprès de 20 foyers témoins a montré qu’il était possible d’économiser 60 €/personne/an) (Réf-15) et apprenez à cuisiner les restes…

Depuis 2012, grâce au défi « Familles à Alimentation Positive », près de 1 000 foyers français ont prouvé qu’il était possible d’augmenter sa consommation de produits bio de 20 % sans augmenter son budget alimentaire (voire même en le diminuant). (Réf-16)

  • Le saviez-vous ?

Les aliments non bio sont plus coûteux qu’on ne le pense. Leur prix n’intègre pas les coûts supportés par les contribuables pour traiter l’eau, fortement polluée par les nitrates et les pesticides de l’agriculture conventionnelle (compter 0,46 à 0,81 €/m3 d’eau pour dépolluer (Réf-15 bis), ainsi que les subventions massives versées aux agriculteurs pour garantir leur compétitivité sur le marché. Les pesticides utilisés en agriculture conventionnelle ont également d’autres coûts cachés : environnementaux, sanitaires, réglementaires,… (Réf-17)

  • Le prix juste pour une rémunération équitable

Produire en bio coûte plus cher. Les contrôles, les semences bio, l’alimentation des animaux, les apports en matière organique et une main d’oeuvre plus élevée représentent des postes de charge importants pour les producteurs bio. Mais ils ont avant tout la volonté de construire une dynamique qui garantit la pérennité des fermes. Un produit bio coûte plus cher car c’est le prix juste pour une rémunération équitable des producteurs bio. Cela crée de l’emploi en milieu rural et de bonnes conditions de travail et de vie. Produire et manger bio répond à un objectif global de développer un nouveau modèle agroalimentaire plus durable, plus viable, plus équitable.

Réf-15 : « Pertes et gaspillages alimentaires : l’état des lieux et leur gestion par étapes de la chaîne alimentaire », ADEME, mars 2016

Réf-15 bis : « Coûts des principales pollutions agricoles de l’eau », n°52 de la série Etudes et documents

publiée par le Commissariat général au développement durable, 2011

Réf-16 : plus d’informations sur www.famillesaalimentationpositive.fr

Réf-17 : Sustainable Agriculture Reviews, Chapter 2 “The Hidden and External Costs of Pesticide Use”,

Denis Bourguet and Thomas Guillemaud

* Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie